D'un pinceau chargé d'eau, je mouille alors le papier, l'invitant à recevoir plus aisément les pigments. Je prends garde à ne préparer ainsi que la surface que je compte peindre dans l'immédiat, créant de ce fait une barrière, un garde fou en somme, puisqu'alors la couleur ne fusera qu'à l'endroit choisi. Le papier boit, absorbe doucement cette eau qui brille en surface avant de disparaître. Il est temps de poser la couleur.
Après l'attente, soudain le temps presse, mes mélanges de vert et de jaune, réhaussés de rouge et de bleu, sont prêts et d'un pinceau fin, je dépose les nuances colorées que j'étire sur ce bout d'aile, ce futur papillon. Foncées ou claires, les teintes restent transparentes sur cette page dont le blanc garde toute son importance.
Je mouille, je peins, le temps s'égrène à ce rithme intemporel où doucement je me fonds dans ces nuances. La main semble aller chercher d'elle-même la bonne couleur, comme
guidée par un pinceau qui semble
connaître son sujet. Les gestes sont précis
et sereins.
Les brins de lavande sont recouverts de
gomme à masquer. Un liquide malodorant
qui sert à réserver le blanc. Je peints
maintenant le fond, sans plus m'inquiéter